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Claude-Victor Perrin, dit Victor, né à Lamarche (Vosges) le 7 décembre 1764 et mort à Paris le 1er mars 1841), est un Maréchal d'Empire (1807), nommé duc de Bellune en 1808.
Biographie
Débuts militaires
Le
16 octobre 1781, il entre, à dix-sept ans, comme tambour dans le 4e Régiment d'Artillerie de
Grenoble. Rachetant son congé absolu le
1er mars 1791, moyennant la somme fixée par les ordonnances, il quitte l'armée, se fixe à
Valence où il se marie et devient employé à la municipalité de Valence où travaille son beau-père.
Carrière sous la Révolution
Il fait partie de la Garde nationale de cette ville comme grenadier et le
21 février 1792, il est nommé
Adjudant du 3
e bataillon des volontaires de la Drôme. Il y sert jusqu'au
4 août, quand il est promu au grade d'adjudant-major capitaine dans le 5
e bataillon des
Bouches-du-Rhône.
La déclaration de la patrie en danger le conduit aux frontières. Il s'élève en peu de temps au grade de Chef de bataillon au même corps le 15 septembre. Il rejoint l'Armée d'Italie pour les campagnes de 1792 et 1793.
Victor fait ses premières armes sous les ordres du général Anselme, dans le Comté de Nice et au combat de Coaraze, culbutant avec son seul bataillon un corps de 3 000 Piémontais.
Après ces deux campagnes, Victor est envoyé au Siège de Toulon. À son arrivée, on lui donne le commandement d'un bataillon de chasseurs à la tête duquel il rend d'importants services au sein de la division Lapoype. Il rencontre Napoléon Bonaparte. Le 2 octobre, il et est nommé provisoirement, au grade d'adjudant-général. Le 1er décembre il se distingue lors de la prise du fort du Mont Faron. Sa conduite dans cette journée est appréciée par les représentants du peuple Salicetti et Gasparin, qui le nomment adjudant-général Chef de brigade sur le champ de bataille. Il est immédiatement chargé du commandement des troupes formant l'aile droite de l'armée de siège.
Quelques jours plus tard, le 17 décembre, il est grièvement blessé au ventre en s'emparant de la redoute britannique l'Eguillette, dite le Petit Gibraltar. Il est promu général de brigade à titre provisoire le 20 décembre avec Bonaparte et Brûlé.
Général de la Révolution française
À peine guéri de ses blessures, il est employé à l'armée des Pyrénées-Orientales, où il fait les campagnes de l'
An II et
III. Sous les ordres de Pérignon, il s'illustre à la Bataille de la Sierra Negra.
Confirmé dans son grade de Général de brigade, par arrêté du gouvernement du 25 prairial de la même année, il passe à l'Armée d'Italie en l'An IV.
Le général en chef Napoléon Bonaparte, qui apprécie son audace la conduite de Victor, le nomme provisoirement général de division sur le champ de bataille, et en rend compte au Directoire qui confirme cette nomination par son arrêté du 20 ventôse suivant.
Pendant que ces événements se passent à l'extérieur, les manoeuvres royalistes du parti Clichien sont déjouées en France. Des adresses de félicitations arrivent de toutes parts au gouvernement.
Après le Traité de Campo-Formio, le 26 vendémiaire An VI, le général Victor rentre en France. Il est employé à l'Armée d'Angleterre le 23 nivôse, passe au commandement de la 2e division militaire (Nantes) le 27 ventôse en remplacement du général Grouchy, et retourne à l'Armée d'Italie le 14 floréal.
Il est renvoyé en Italie, blessé à la bataille de la Trebbia en 1799
Il s'illustre lors de la deuxième campagne de Bonaparte à Marengo, le 25 prairial où il reçoit un sabre d'honneur.
Le 6 thermidor de la même année, il est nommé lieutenant du général en chef de l'armée de Batavie, et exerce ces fonctions jusqu'au 21 thermidor An X, pour devenir capitaine général de la Louisiane mais ne part pas du fait de la perte de Saint-Domingue, des menaces de reprise des hostilités par les Britanniques et de l'immobilisation de son escadre, prise dans les glaces à Berg op Zoom (Pays-Bas). Il conserve ce titre jusqu'au 17 prairial An XI, lorsqu'il est appelé au commandement en chef de l'armée de Batavie.
Compris comme légionnaire de droit dans la 5e cohorte, il est mis en disponibilité le 3 floréal An XII. Créé grand officier de la Légion-d'Honneur le 25 prairial suivant, il est nommé président du collège électoral du département de Maine-et-Loire. Envoyé comme ministre plénipotentiaire auprès du roi de Danemark le 30 pluviôse An XIII, il reçoit la décoration de grand cordon de la Légion-d'Honneur le 15 ventôse de la même année. Il est chargé d'observer les mouvements de troupes et de vaisseaux en mer Baltique.
En 1806, lors de la rupture avec la Prusse, il quitte Copenhague vers la fin de septembre pour rejoindre la Grande Armée. Il est nommé chef de l'état-major général du 5e corps, commandé par le maréchal Lannes.
Le 10 octobre, il participe à la Bataille de Saalfeld, puis le 14, à la Bataille d'Iéna. Le 25 octobre, Victor reçoit, comme fondé de pouvoirs du maréchal Lannes, la capitulation de la forteresse de Spandau lors de la poursuite de l'armée prussienne. Le 26 décembre, il est à Pultusk.
Puis, le 4 janvier 1807, il reçoit le commandement de la division polonaise de Dombrowski, ainsi que le commandement du Xe corps, nouvellement formé. Il se met aussitôt en marche pour aller faire le siège de Colberg et de Dantzig. Le 20 janvier 1807 alors qu'il se rend en voiture à Stettin, en compagnie de son aide-de-camp et d'un domestique, il est enlevé par un parti de 25 chasseurs prussiens commandés par Schill qui bat le pays. Échangé presque aussitôt contre Blücher, le 8 mars 1807 par les soins de l'Empereur Napoléon, il est chargé au mois de mai du siège de Grandentz.
Le 6 juin, Victor remplace Bernadotte, blessé dans une escarmouche, à la tête du Ier corps d'armée. 8 jours plus tard, le 14 juin 1807, il est à Friedland, où il dirige victorieusement la charge contre le centre Russe. Il est fait Maréchal d'Empire le 13 juillet 1807 (19e dans l'ordre).
Gouverneur de la Prusse et de Berlin le 9 août 1807 après la paix de Tilsitt, il devient duc de Bellune en septembre 1808, avant de partir pour l'Espagne. Pour le remercier de sa gestion honnête, les Berlinois lui offrent 2 millions or qu'il refuse, n'acceptant que 4 chevaux poméraniens pour ses attelages. Ce fait, gravé dans le marbre à Lamarche, permit de sauver 5 otages de Lamarche en 1870.
Campagne d'Espagne
Appelé au mois d'août suivant au commandement en chef du 1
er corps destiné à opérer en Espagne , il se dirige aussitôt sur
Bayonne. Il entre par brigades sur le territoire espagnoles 22, 23, 25, 27 et 29 du même mois. Son armée se trouve entièrement réunie à
Vittoria et les environs dans les cinq premiers jours de novembre.
Il est vainqueur de Joaquin Blake à Espinosa les 10 et 11 novembre 1808. Mais manoeuvre mal à Somosierra (30 novembre).
Le 2 décembre de la même année, le duc de Bellune concourt à la prise de Madrid et il se dirige sur Tolède.
Lorsque Napoléon repart, il reste avec Joseph Bonaparte. Il est vainqueur à Uclès, (13 janvier 1809).
Napoléon décide de l'entrée des troupes françaises en Portugal. Le 1er corps est envoyé sur les frontières de l'Estramadure. Le 15 mars, il passe le Tage à Talavera de la Reina et à Puente de l'Arzobispo. Le 16, il marche sur l'armée de Cuesta et la rencontre, le 17, retranchée sur la Ybor. Le 18, la division Leval suit les Espagnols sur Valdecannar et les force encore.
Il est vainqueur à Medellín, le 29 mars, et Alcabon le 26 juillet.
Malgré ses succès décisifs, le maréchal Victor ne peut prendre part à l'invasion du Portugal. L'arrivée de nombreuses troupes anglo-portugaises rend sa présence indispensable sur la ligne de la Guadiana au Tage. Il est repoussé à Talavera, le 27 et 28 juillet. L'Empereur, reconnaissant des services rendus par le duc de Bellune, déjà richement doté par lui, ne l'oublie pas dans la distribution qu'il fit à ses généraux, en juillet 1809, des domaines du Hanovre.
Après la victoire d'Ocaña, remportée par les Français le 18 novembre, le maréchal pénètre en Andalousie et traverse sans obstacles la Sierra depuis Almaden. Après avoir envoyé quelques reconnaissances sur Santa-Eufemia et Belalcazar, il marche sans artillerie et sans bagages sur Andigar, où il rejoint les autres corps.
Poursuivant son mouvement en avant, il entre le 23 dans Cordoue où il s'arrête quelques jours. De là, il se porte sur Séville, arrive en vue de ses murailles vers la fin de janvier 1810, y entre le 1er février et prend aussitôt la route de l'île de Léon dont il atteint les environs et forme le blocus le 5 du même mois.
Il commence ensuite le siège de Cadix, et pendant trente mois il fait échouer toutes les tentatives de l'ennemi mais ne peut, faute de moyens, occuper Cadix. Il est victorieux à Chiclana. Le duc de Bellune ne voit pas la fin du siège de Cadix, il est appelé à faire partie de la Grande Armée le 3 avril 1812, et prend le commandement du 9e corps de réserve chargé de garder la voie Smolensk-Vilna.
Les campagnes de la fin de l'Empire
Au mois d'août suivant, le 9
e corps fort de 30 000 hommes, et destiné à former la réserve, part de Tilsitt pour se rendre à
Vilnius, lors de la campagne de Russie. Victor est à sa tête. Puis vient le moment de gloire : la défense, à la tête de l'arrière garde.
Lors de la retraite de Moscou, il enlève, le 14 novembre, la position de Smoliany et s'y maintint malgré les efforts d'un corps de 45 000 Russes. Le 25, il reçoit l'ordre de suivre le mouvement du duc de Reggio sur le pont de Studzianca (Bérésina), de couvrir la retraite en formant l'arrière-garde et de contenir l'armée russe de la Dwina qui le suit.
Il s'illustre en assurant le passage de la Bérézina, en gardant l'accès Est aux deux ponts, et le sauvetage de ce qui reste de la Grande Armée, en retenant avec quelques milliers d'hommes, les armées russes à un contre cinq.
Revenu en France avec les débris des phalanges, le duc de Bellune est nommé commandant en chef du 2e corps de l'Armée d'Allemagne le 12 mars 1813. Lors de la Campagne d'Allemagne, il est chargé de défendre la ligne de l'Elbe. Le 27 août, il est à Dresde, mettant en déroute l'aile gauche des Alliés, et permettant à Murat de faire de nombreux prisonniers autrichiens. À Wachau, le 16 octobre, il commande au centre et au sud du front français, poste qu'il occupe également, le 18 octobre, à Probstheyda, durant la Bataille de Leipzig. Le 30 octobre, enfin, il est à Hanau, où l'armée française se défait de son ancien allié, le bavarois de Wrede.
Après cette campagne, il prend le commandement du 2e corps destiné à protéger les frontières de l'Est contre l'invasion étrangère. Le territoire français est de nouveau envahi. D'abord chargé de défendre le Haut-Rhin à Strasbourg, Victor doit se replier, par St Dié, Baccarat, Lunéville, Nancy et Toul le 17 janvier 1814, sur Saint-Dizier le 25. Trop faible pour s'opposer efficacement aux masses qui se présentaient, il se replie successivement sur la Moselle, sur la Meuse, sur l'Ornain et sur la Marne.
Il est de toutes les batailles de la campagne de France, il participe de tous ses moyens au succès de la journée de Brienne, le 29 janvier 1814, et commande le centre de l'armée, le 1er février suivant, à la Bataille de La Rothière, où 36 000 Français luttent désespérément contre 106 000 hommes de l'armée de Silésie.
Le 17 février, à Marmont, il met en déroute le corps du comte Pahlen, et bat le général bavarois Lamotte, près de Valjouan. Il fit dans cette journée 3 000 prisonniers et enlève 16 pièces de canon.
Il se voit reprocher par l'Empereur son arrivée tardive à Montereau le 18 février 1814 et est remplacé par Gérard,.
Pardonné par l'Empereur il est mis à la tête de deux divisions de la Garde le 18 février 1814. Le 7 mars à la Bataille de Craonne, il est atteint d'un coup de feu qui le met hors de combat pendant trois mois, sur des béquilles.
La Restauration
Après l'abdication de l'Empereur, le duc de Bellune est nommé chevalier de Saint-Louis, le
2 juin 1814, et Louis XVIII lui confie le gouvernement de la 2
e division militaire le
6 décembre de la même année. Comme la plupart des autres maréchaux, il fait donc allégeance au roi Louis XVIII auquel il reste fidèle pendant les
Cent-Jours, le rejoignant à
Gand.
Lors de la rentrée en France de l'Empereur, le maréchal se rend dans son gouvernement, et le 10 mars 1815, il est à Sedan.
Le maréchal part ensuite pour Châlons-sur-Marne, où il arrive le 16. De là il se dirige sur Paris où il passe les journées des 17 et 18.
Quittant Paris le 19, le maréchal arrive le 20 à Châlons, où il trouve toutes ses troupes rassemblées. Le bruit de l'arrivée de l'Empereur à Paris l'engage à porter une partie de son corps d'armée sur la rive droite de la Marne, dans les diverses directions de Paris.
Mais les troupes, informées de la marche triomphale de l'Empereur, prennent tour à tour les couleurs nationales avec le général Rigau et manifestent leur peu de sympathie pour le gouvernement des Bourbons. Le duc de Bellune, voyant son autorité discutée, craignant d'être arrêté, prend la fuite et rejoint le roi.
Le 8 juillet 1815, Victor revient à Paris, avec Louis XVIII. Le 8 septembre, il est nommé major-général de la Garde royale (commandement en alternance avec Macdonald, Oudinot et Marmont), puis le 17 août, Pair de France.
Il vote la mort de Ney au procès de son ancien compagnon d'armes : il dira regretter ce vote, et pendant 26 ans, fit de chaque 7 décembre un jour de pénitence. Il est également nommé, le 12 octobre 1815, président de la commission chargée d'examiner les services des officiers ayant servi Napoléon durant les Cent-Jours.
Le 10 janvier 1816 le duc de Bellune est pourvu du gouvernement de la 16e division militaire, commandeur de l'ordre de Saint-Louis, et grand-croix après le mariage du duc de Berry, dont il signe le contrat, puis enfin chevalier commandeur de l'ordre du Saint-Esprit.
Ministre de la Guerre (14 décembre 1821-19 octobre 1823), il prépare l'expédition d'Espagne de 1823. Il est nommé Major-général de l'armée d'Espagne le 17 mars. Mais le duc d'Angoulême ne veut point l'agréer. Il reprend alors son portefeuille, entre dans le conseil privé. Commandant en chef du camp de Reims au sacre de Charles X, membre du conseil supérieur de la guerre en 1828, il ne prête pas serment en 1830 au nouveau gouvernement et fut exclu de la Chambre des Pairs. Légitimiste jusqu'en 1830, il s'oppose à Louis-Philippe. Miné par ses blessures, il s'éteint en 1841, trois mois après le retour des cendres de l'Empereur.
Son nom figure sur l'Arc de triomphe de l'Étoile à Paris et un des boulevards des Maréchaux de Paris porte son nom (le Boulevard Victor).
Brave et intrépide, il n'était pas un grand stratège et devait beaucoup de sa carrière à l'amitié que lui portait Napoléon depuis le Siège de Toulon. Il ne se priva pourtant pas d'adresser ses opinions critiques à l'empereur.
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Marie Victor Nicolas de Fay de La Tour Maubourg | Claude-Victor Perrin | Claude-Victor Perrin | Aimé Marie Gaspard de Clermont-Tonnerre | Notes et référencesSource partielle- Jacques Le Coustumier, Le Maréchal Victor, Editions Nouveau Monde, 2004, 425 pages.
« Claude-Victor_Perrin », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource) Les maréchaux d’Empire 1804 — 1815 | Berthier • Murat • Moncey • Jourdan • Masséna • Augereau • Bernadotte • Soult • Brune • Lannes • Mortier • Ney • Davout • Bessières Kellermann • Lefebvre • Pérignon • Sérurier • Victor • Macdonald • Oudinot • Marmont • Suchet • Saint-Cyr • Poniatowski • Grouchy | |
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